LES ÉCHOUES – PASCAL MANOUKIAN (ÉD. DON QUICHOTTE)
La note de Plac'ART: ►►►
Les échoués retrace l’histoire de migrants, de réfugiés, autour de la figure centrale de Virgil, moldave, qui laisse sa famille derrière lui pour essayer de trouver un salut en France. Avec le même espoir, Assan s’échappe avec sa fille Iman de Somalie ; et Chancal qui le Bangladesh. Ils laissent tous derrière eux une misère terrible, et une famille qui ne dépend plus que d’eux. Ils survivent, à un voyage sans nom, où tant d’autres disparaissent. Cela n’est qu’une préparation pour les épreuves si difficiles auxquelles ils vont faire face dans cette terre pourtant tant rêvée : la vie misérable, le travail en esclave, l’utilisation de l’autre par des tortionnaires sans limite, la prostitution, la peur aussi.
Ce roman est un cri d’alarme sur la situation des migrants : l’absence d’humanité à laquelle ils font face à leur arrivée, de la part d’entrepreneurs sordides qui les monnayent comme des bêtes mais aussi de la part de la population qui préfère finalement les mettre à l’écart. L’auteur a eu l’intelligence de placer sa narration 20 ans en arrière, pour se pas se noyer dans le débat actuel, mais en montrant pourtant la permanence de ce drame. C’est aussi un roman sur la capacité à survivre, pour soi ou pour les autres.
Le style est limpide, simple, et efficace. Des chapitres aux personnages bien identifiés. Une écriture descriptive qui évite l’écueil du jugement, du misérabilisme.
Je regrette une certaine naïveté dans le texte. Le monde y est manichéen, les très méchants (les plus nombreux) qui exploitent la misère des échoués, du chinois (un peu caricatural) maître d’œuvre jusqu’à la vieille de l’escalier qui a peur des migrants, et les gentils, incarnés dans cette famille qui recueille généreusement Virgil, ce syndicaliste un peu à côté de la plaque, et ses amis, et dans les migrants eux-mêmes, qui se serrent les coudes.
Mais peut-être la naïveté est-elle nécessaire pour faire passer un message fort. Une belle lecture, même si ce n’est pas forcément de la littérature.
